Webb Wilder - Décembre 2007

Webb Wilder, merci de m'accorder cette interview, je suis très honoré!

Nous allons parler de trois choses :
1- Le Rock'n'Roll
2- Webb Wilder
3- La Discographie de Webb Wilder


1) Le Rock'n'Roll


Francis: Comme tu le sais, notre site Internet parle avant tout des Inmates, mais nous parlons aussi de tout ce qui est en rapport avec la bonne musique. Nous avons des gros dossiers sur Chuck Berry, Dr Feelgood, Omar and The Howlers et le prochain sur la liste c'est toi! Durant ces dernières années, as-tu joué une ou plusieurs fois avec les Inmates pendant le même spectacle?

Webb: Je n'ai jamais joué avec les Inmates ni partagé l'affiche avec eux, mais je suis un fan et je pense que ce groupe est vraiment bon. Je les ai rencontré il y a quelques années quand j’étais à Londres lors d'une émission télévisée: Town and Country présentée par John Prine. J'avais entendu leur musique avant et je voulais les voir sur scène.

Francis:
Donc, tu aimes leur musique?

Webb: Oui!

Francis: Quel est ton album préféré des Inmates et quelle est ta chanson préférée?

Webb : Je ne me souviens pas du nom des albums, mais j'aime beaucoup la chanson Tell Me What's Wrong.

Francis: Posons la même question vis-à-vis de Dr Feelgood.

Webb:
Je ne me souviens plus exactement de la première fois où j'ai entendu Dr Feelgood, mais je sais que j'ai un disque, peut être est-ce l'EP qui se nomme Stupidity sorti il y a longtemps. J'aime beaucoup la chanson Every Kind Of Vice et leur version de I'm A Hog For You Baby.

Francis:
Durant les dernières années, as-tu joué une ou plusieurs fois avec Dr Feelgood pendant le même spectacle?

Webb: Non, je n'ai jamais joué avec Dr Feelgood.

Francis: Aimes-tu leur musique?

Webb: Oh oui! Wilko Johnson est un grand, mais je dois dire que son successeur, le gars qui jouait, il y a peu, dans les Yardbirds, Gypie ? (Gypie Mayo, ndlr) est très bon aussi. Bien entendu Wilko était à la fois un innovateur et un phénomène. Je suis né le même jour (pas de la même année) que Pete Townsend aussi je suis sensible aux guitaristes qui peuvent jouer dans les airs!

Francis: Quel est ton album préféré ainsi que ta chanson préférée de Dr Feelgood?

Webb: Every Kind Of Vice est ma chanson préférée mais cela ne doit pas être de la période Wilko, désolé pour mon ignorance. L'album Malpractice est génial et j'aime également la chanson Another Man.

Francis: As-tu eu des conversations privées avec Lee Brilleaux?

Webb: Non, je ne l'ai jamais rencontré.


Francis:
Tu sais qu'en France comme en Grande Bretagne, nous avons l'habitude de nommer cette sorte de musique Pub-Rock, utilisez-vous le même terme chez vous aux USA?

Webb: Ceux d'entre nous qui en sont fans l'utilisent certainement. Je suis un grand admirateur de Dave Edmunds, Rockpile, Nick Lowe, Graham Parker And The Rumours, etc. Alors évidemment je suis familier de ce terme, mais c'est plus une appellation britannique. La majorité des gens aux USA ne le connaît pas. Ici, nous préférons l'appeler Roots-Rock. C'est le terme le plus judicieux pour incorporer le Pub-Rock.

2) Webb Wilder

Francis: Pour un fan de Pub-Rock ou de Roots-Rock français, tu es le plus populaire des chanteurs et showman américain, aussi c’est un réel plaisir de te voir en France pour quelques concerts (l'interview a été faite en novembre 2007 et Webb Wilder devrait revenir avant l'été 2008, ndlr).

Webb: Wow! C'est très flatteur, merci.

Francis: Peux-tu en dire plus à ton sujet? Webb Wilder est-il ton vrai nom?

Webb: Mon nom de naissance est John Webb McMurry. Le nom de mon père était Webb également. Son vrai nom était Weber Wilson McMurry, mais tout le monde l’appelait Webb. Mon véritable nom intermédiaire est donc bien Webb. La soeur de ma mère fût mariée à un aventurier nommé Garland Wilder, elle vivait souvent avec nous dans le Mississipi et lui vivait au Nicaragua! Il travaillait dans le commerce du bois.

Francis: Quand tu étais enfant, quel a été ton premier contact avec la musique?

Webb: Cette même tante, Montressa Wilder, me disait que je chantais avant de parler. Je suis né dans le Mississipi en 1954. Je regardais beaucoup la télévision. Je me souviens vaguement d'avoir vu Buddy Holly chanter Maybe, Baybe quand j'étais très jeune. J'écoutais également pas mal de 45 tours que j'empruntais à quelques cousins, l'un de

ces disques était Party Doll de Buddy Knox. J'écoutais aussi de la musique à la radio AM du pick-up de mon père, cela m’intéressait toujours. Plus tard, je commandais deux LPS chez Sears Roebuck: Ricky Nelson's Million Sellers et Elvis Presley: It Happened At The World Fairs. Ensuite est venu le temps des Beatles. Tous les enfants du sud qui n'avaient pas d’intérêt particulier avant pour la musique en eurent subitement avec les Fab-Four. Pour moi, tout c’est aggravé à partir de là. Je me mis à écouter WXXX AM Radio et j'écoutais les Beatles, les Rolling Stones, les Kinks, les Yarbirds, Wilson Pickett, Johnny Cash et Buck Owens (qui faisaient tous les deux le crossover vers la Pop). C'était énorme! Je voulais regarder également les programmes de musiques Country diffusés par la télévision le samedi comme le Porter Wagoner Show (avec Dolly Parton), le Wilburn Brothers Show (avec Loretta Lynn), le Flatt and Scruggs Show et le Bill Anderson Show. Il y avait de la concurrence sans cesse avec d'autres shows comme Where The Action Is, American Bandstand, Hullaballoo. J'aime bien, de nos jours, regarder les DVD ou les vielles bandes de Ready Steady Go, show anglais qui passait dans les années 60.

Francis: Quel est ton premier contact avec la guitare?

Webb: Je n'en suis pas sûr. J’avais deux amis, tous les deux avaient un an de plus que moi et ils en avaient chacun une. Je me souviens également que ma mère me demanda si je voulais en avoir une également. Waouh! Bénissez son coeur! Nous sommes devenus alors un véritable groupe Garage et bons nombres de nos amis s'équipèrent également de guitares! Ma mère était un peu recluse du fait qu'elle faisait la plupart de son travail et de ses courses par téléphone. Elle parla avec une de ses amies et lui demanda ce qu’elle pourrait m'offrir pour Noël. La femme suggéra de m'acheter une guitare! J'ai obtenu une Silvertone acoustique à 17,50 USD avec la sangle! J'ai commencé à prendre des leçons avec un jeune de mon âge, environ 12 ans, qui jouait dans un groupe populaire local qui s'appelait The Prophets. Son nom est John Clark. Je le payais un dollar la leçon. Cela consistait principalement à m'écrire le nom des accords sur des paroles de chansons que je connaissais. Evidemment en plus, j'avais le livre de Mel Bay pour débutant, tout le monde ici semble avoir commencé avec ce livre!

Francis: Combien de guitares possèdes-tu? Quelle est ta préférée?

Webb: Je pense avoir entre 25 et 30 guitares. Elles ne sont pas toutes extraordinaires! J'utilise principalement des Telecasters pour les concerts. J'essaye toujours d'en avoir une d'entre elles ou peut être ma Collings 290 pour les concerts aux Etats-Unis. Quand je voyage, je n'utilise que des Fender. Ma favorite? Difficile à dire. J'ai une Telecaster de 1967 que j'utilise uniquement pour les enregistrements. En ce qui concerne les acoustiques, ma préférée est une Gibson J-200 de 1997 pour les concerts. J'ai une vieille J-45 que j'utilise parfois lors que j’essaye d'avoir de l’inspiration pour composer une nouvelle chanson. Je m'en sers pour jouer à la maison et pour enregistrer.

Francis: Quel est ton amplificateur préféré et quel système d'amplification guitare utilises-tu sur scène?

Webb: J'ai utilisé une tête Hiwatt Custom 50 de 1985 relié à une vielle cabine Banbmaster avec deux haut-parleurs de 12 pouces bien plus que n’importe quel autre système. Aujourd'hui j'essaye, lorsque je joue en Europe d'utiliser des VOX AC 30 Reissues. En ce moment,  je fais juste une petite tournée en France. La plupart des amplis qui me sont fournis sont des Vox Reissues des années 90 ou les nouveaux AC 30 S chinois et ils sonnent vraiment pas mal! Il me semble, et à d'autres également, que ces amplis sonnent mieux sur l’alimentation électrique européenne.

Francis: Quel est ton Rock'n'Roller classique préféré, tel qu'Elvis Presley, Chuck Berry, etc?

Webb: Ils ont tous amené quelques choses d’unique à la musique. Elvis avait un grand talent et à son meilleur, il avait vraiment la classe. Chuck Berry est sans équivalent, surtout dans la catégorie des songwritters. Il y a une place spéciale dans mon coeur pour Eddie Cochran, Johnny Burnette et son Rock'n'Roll Trio et Jerry Lee Lewis. Buddy Holly était aussi vraiment talentueux et mérite tout le bien qu'on pense de lui.


Francis:
Quels sont tes groupes préférés?

Webb: En ce qui concerne mes préférés, je suis obligé de me tourner vers le passé. Tu sais des groupes comme les Beatles, les Rolling Stones, les Who, les Byrds, le Buffalo Springfield, les Kinks, les Animals, les Faces, The Band, NRBQ, Free, Badfinger, il y en a tellement. J’aime beaucoup le groupe australien: The Jet. Le chanteur a une voix incroyable et son frère est unique, un super batteur. Ils peuvent faire du bon Rock et je pense que leurs chansons mid-tempo sont dans la veine de celles que j'aime chez Badfinger. C'est difficile de désigner un groupe préféré sans oublier quelqu'un d'important comme la période Peter Green de Fleetwood Mac. J'aime également beaucoup Tom Petty and The Heartbreakers, AC/DC et Aerosmith parce que de nos jours ils jouent du Rock'n'Roll et ils sont très bons!

Francis:
Qu'écoutes-tu en ce moment?

Webb: Tu sais, je vis à Nashville et j'ai un tas d'amis dans l’industrie musicale, aussi j'écoute énormément de choses différentes comme Tom Petty, Bob Dylan et les programmes radio de Marty Stuart. Ceux-ci sont vraiment très éclectiques, informatifs et distrayants. Beaucoup d'amis m'envoient des disques de promotions et je me déplace aussi à quelques spectacles.

Francis: En France, nous pouvons facilement trouver de bonnes nouveautés Blues, mais avec le Rock'n'Roll c'est beaucoup plus difficile. Est-ce la même situation aux Etats-Unis?

Webb: Je pense que cela va bouillonner encore plus dans les années à venir. Tout le monde me dit qu'il y a des tonnes de jeunes qui ont Led Zeppelin, les Stones, les Who et Queen sur leurs Ipod. De plus, Il semble qu'il y ait en ce moment beaucoup de groupes expérimentaux qui ont un large public, mais ce n'est pas nécessairement du Rock'n'Roll. Mais je crois qu'avec ces phénomènes le Rock'n'Roll va revenir dans nos oreilles! Et puis c'est difficile de définir qui joue du Rock'n'Roll. Par exemple, je porte beaucoup d'intérêt à Tom Petty And The Heartbreackers. Ils perpétuent la tradition du groupe des années soixante en cumulant dignité, intégrité et succès, c’est beaucoup. Il y a également The Jets qui sont vraiment Rock'n'Roll, ça joue vraiment, ce ne sont pas des rigolos!


Francis:
Quelle est ton opinion sur les mauvaises ventes de CD actuellement?

Webb:
Je pense que le prix très élevé pratiqué dès le début du CD est à l'origine de beaucoup de choses. En plus est venu s'ajouter de nouvelles technologies dont certaines étaient chères d'accès et d'autres illégales et gratuites. Les gens ont préféré les gratuites, évidemment. Les artistes sont les grands perdants de la

chose. Beaucoup de dommages ont été faits. Les jeunes ne semblent plus se soucier de posséder un album en entier ni de posséder le support matériel. Il va être intéressant de voir comment le temps va arranger ou aggraver les choses.

Francis: Quelle est ta position sur le téléchargement illégal?

Webb: Il y a des lois sur les copyrights et elles doivent être respectées. Malheureusement, les habitudes sont difficiles à changer et beaucoup de personnes ont pris celle qui consiste à télécharger gratuitement sans se rendre compte du problème que cela engendre. Ce n'est pas correct, ils doivent prendre conscience qu'ils enlèvent aux artistes la juste rémunération de leur travail.


Francis:
Travailles-tu sur un nouvel album studio?

Webb: Oui. J'ai commencé à travailler dessus l'été dernier. C’est loin d'être terminé, mais j'ai de bonnes sensations et j'ai hâte de planifier notre entrée en studio, dès que nous en aurons l’opportunité.

3) La discographie de Webb Wilder : Précisions, informations et commentaires croisés.


Francis: Avant de commencer, y a-t-il un DVD de Webb Wilder sur scène de disponible?

Webb: Il y a un DVD live qui se nomme Tough It Out ! Webb Wilder Live, sur le label Landslide. Il est disponible uniquement en format américain (Zone 1, ndlr). Quelques extraits de l'interview contenue dans celui-ci figurent dans le disque français It's live Time!, sur le label DixieFrog.

Francis: Le morceau de bravoure de ta discographie est cette incroyable chanson: Human Cannonbal, dont nous sommes fous en France. Peux-tu-nous en dire plus sur la naissance et la vie cette chanson?

Webb: Et bien, je l'aime beaucoup également, mais je ne l'ai pas écrite. C’est une chanson de R.S Field. Beaucoup de gens m'ont questionné au sujet de celle-ci. J'ai demandé à R.S Field: que leur dire? Il m'a répondu: j'explorais juste l'idée du choix d'une carrière alternative! Nous avons fait un clip vidéo de cette chanson lorsque j'étais sur Island Records (Hybrid Vigor, 1989, lien Youtube) et il y a une version live sur It's Live Time qui apparaît également sur le DVD américain.

Francis: Quand ton premier disque est arrivé en France, nous étions nombreux à penser que R.S Field était ton vrai nom. Peux-tu nous parler de lui et de votre collaboration?

Webb: Oui, lui et moi nous venons de Hattiesburg, Mississippi. Il a deux ans de plus que moi. Nous

allions dans de différentes écoles lorsque nous étions jeunes, mais nos familles appartenaient à la même église Episcopale. J'appréciais sa présence car il appartenait à des groupes plus âgés et meilleurs que les miens! lors de notre adolescence, chacun essayait de faire mieux que l'autre. Il a toujours écrit des chansons. Il a commencé comme batteur, mais avec les années, il est devenu un guitariste créatif impressionnant. Ces paroles, également, ce distingue de la grande majorité des autres paroliers. Il a joué de la batterie, dès le début, dans la carrière des Beatnecks puis il a choisi Jimmy Lester comme remplaçant en 1985. Jimmy a toujours joué avec moi depuis. Ensuite R.S a produit pas mal d'albums et écrit beaucoup de chansons.

Francis: Maintenant, abordons ta discographie complète de manière complémentaire. Tu nous présentes et commentes chaque disque et je fais de même juste après. Es-tu d'accord?

Webb: Ok!


It Came From Nashville (1986)

Webb: Je suis vraiment très fier de ce disque et heureux que le public l''aime également. La France lui a fait un accueil enthousiaste quand il est sorti à la fin des années 80. Je serais vous toujours reconnaissant pour cela. Merci! (En français dans le texte, ndlr)

Francis: Webb Wilder débarque sur nos platines avec ce disque ovni. Ce n'est pas la pochette qui me démentira. Un des rares disques du marché à oser le mélange interne entre titres studio et live. Webb nous propose un mélange judicieux et jubilatoire de Coutry/Rockabilly/Rock'n'Roll. R.S Field s'y taille la part du lion au niveau composition, Webb étant lui absent sur ce terrain. On y retrouve les classiques How Long Can She Gets et One Taste Of The Bates. Ce disque existe en trois versions, la première le LP avec 12 titres, une édition française Accord Musidisc avec 4 titres bonus et enfin une édition américaine produite par Landslide comportant 26 titres! Un disque indispensable pour les amateurs de Rock'n'Roll allant plus loin que la variation sur trois accords.


Hybrid Vigor (1989)

Webb: Je suis fier de tous mes albums et de celui-ci par conséquent. C'était le premier grand budget de Bobby (R.S Fiels) dans une major. Il a vraiment fait un bon boulot! Nous avons tous beaucoup appris en faisant ce disque. Hittin, Where It Hurts m'a fait progresser dans la pratique de l'open tunning. Human Connonball était une chanson vraiment en phase avec les fans. Nous voulions montrer au monde que Webb Wilder et le groupe n'était pas simplement un groupe de Rockabilly.

Francis: Effectivement l'équipe de Webb se recentre quasiment uniquement sur le coté Rock du premier disque, en l’'explorant et en l'améliorant. C'est un disque vraiment très électrique et d'emblée le ton est donné avec Hittin Where It Hurts et son mur de guitares, de suite suivie par le chef-d'oeuvre Humann Cannonbal. L'ensemble est d'une cohérence rare et Webb continue de peaufiner les arrangements, comme les choeurs. Achat urgent!


Doo Dad (1991)

Webb: Cet ensemble de chansons s'est mis en place de façon remarquable. Les sons sont vraiment très bons! Though It Out semble être l'hymne parfait pour Webb Wilder. Difficile de faire mieux.

Francis: J'ai un avis un peu différent de celui de Webb Wilder, malgré la reconduction de l'équipe de Hybrid Vigor, ce disque délaisse de plus en plus la partie Country au profit du Rock. Un Rock néanmoins un peu moins percutant. Le travail sur les guitares et les voix est cependant de haute volée et le disque tient la route avec les désormais classiques: Hoodoo Witch le fantastique Though It Out (petit frère de Humann Cannonbal) , Big Time et la fameuse reprise de Baby Please Don’t Go. A posséder.


Town And Country (1995)

Webb: Nous nous sommes beaucoup amusés pendant l'enregistrement. Nous avons fait exactement ce que nous avons voulu. Reba McEntire et Elvis Costello ont fait des reprises de certaines chansons de l'album

Francis: Le problème de ce disque c'est qu'il comporte 16 titres. Il faut bien le dire, on peut considérer que 4 ou 5 font un peu remplissage, éternel problème du format CD, on essaye d'en mettre le plus possible en oubliant que nos oreilles se sont forgées au format LP, 12 chansons, 35 minutes et on va à l'essentiel. Webb nous avait habitué à délaisser la Country et il y revient un peu (d'où le titre de l'album), cela déroutera quelque peu l’amateur de bon gros Rock! Mais attention, les chansons puissantes sont redoutables d’efficacité: Stay Out Of Automobile a par exemple un riff qui ne déplairait pas au fan d'AC/DC, la cover de Slow Death des Flamin Groovies est très bonne également. Le Talk Talk rivalise presque avec la reprise des Inmates. Et le Rockin Little Angel clôture la chose de manière forte agréable dans un style Rockabilly déjanté. Pour toutes ces raisons je recommande l'achat de disque.


Acres Of Suède (1996)

Webb: Je suis vraiment très fier de l'ensemble sur celui-ci, mais c'était en quelque sorte un album de remise en question musicale: quelles chansons allons nous faire? Est-ce que nous enregistrons sur ce projet des choses que nous n'avons jamais faites ou pas? A l'arrivée, c'est peut être la meilleur présentation du style de musique Webb Wilder et c'est sur ce disque qu’il y a le plus de compositions originales, qu’elles soient signées R.S Field, Wilder ou Field/Wilder.

Francis: Effectivement, Webb et son équipe se concentrent sur la profondeur du son qui redevient plus compact et plus cohérent que sur le précédent. Du Rock'n'Roll, des mid-tempo proches du Blues et aucun temps mort. Un déluge de guitares et une voix d’extra-terrestre, Webb est revenu au top !


About Time (2005)

Webb: Quelle attente! Cela faisait environ neuf ans que je n'avais pas enregistré d'album. Cela ne serait d'ailleurs pas arrivé si je n'avais pas croisé la route de Michael Rothschild du label Landslide. Je crois que beaucoup de bonnes choses ont étés réunies sur ce disque. Nous avons utilisé un bon groupe de base comprenant des gens qui avaient beaucoup joués ensemble sur scène comme Tom Comt, Jimmy Lester, George Bradfute et moi-même ainsi que Bobby Field. Bobby d'ailleurs en a assuré la production. Nous avions un grand et jeune ingénieur du son répondant au nom de Jeff Servais et un studio très sympathique, dans la campagne qui appartient à Bucky Baxter (Steve Earle, Bob Dylan). Bucky joue de la pédale steel sur une chanson. Steve Conn qui avait joué sur Acres Of Suède est venu et a ajouté quelques parties de clavier. Nous avions un mois pour le faire. Nous n'avions pas vraiment fait de pré-production, mais Bobby et moi parlions de cet album depuis longtemps et les chansons s’étaient accumulées. J'en suis vraiment très fier et je remercie Lanslide Records de nous avoir permis de le faire!

Francis: Retour attendu de Webb Wilder sur la scène discographique et légère déception à l'inverse de Webb lui-même. Ce disque est trop peaufiné, trop bien arrangé, trop de cuivres, de pedal steel, de banjos qui devit de l'objectif initial de l’auditeur: écouter du Rock'n'Roll percutant! Certes, il y en a comme Miss Missy From Ol Hong Kong, mais il y a aussi beaucoup de chansons relativement lentes tirant parfois sur la Country variété qui, si elles sont loin d'être mauvaises, ne sont pas tout à fait ce que l'on attend de Webb!


Scattered, Smothered And Covered (2005)

Webb: Ce disque est sorti tout seul! Les gens de Varèse Sarabande (la maison de disque, ndlr) m'ont appelé et m'ont dit qu'ils voulaient faire une compilation. Ils ont essayé de contacter les majors qui contrôlent les droits de Hybrid Vygor et Doo Dad pour y participer et n'ont jamais reçu la moindre réponse. Ils ont ensuite choisi des chansons qui étaient vraiment très éclectiques et Bobby (R.S Field), a estimé rapidement qu'ils devaient se concentrer sur une sélection plus Rock et ils l’ont fait. Il y a eu également des re-masterisations et du travail de fignolage grâce à R.S Field. C'est assez Rock!

Francis: Et oui, les majors ont raté le coche! Ce disque aurait pu avoir l'appellation best of, il se contentera de compilation. Néanmoins, je suis d'accord avec Webb, la sélection est très virile même si l'impasse est faite sur Human Cannonball par exemple et ce CD aura l'avantage de vous faire découvrir notre ami a peu de frais car il est proposé à prix réduit.


It's Webb Wilder Live time ! (2007)

Webb: J'adore le travail sur la présentation, la disposition et les photos! Le label français Dixiefrog nous a conseillé d'utiliser les services de David McLister pour les photos et je dois dire que ce qu’il a fait m'a laissé sans voix. Ce CD provient du DVD live que Lanslide Records a sorti aux USA, il y est offert en bonus. J'ai toujours voulu travailler avec Dixiefrog depuis longtemps. Je voulais revenir en France pour une tournée, (je n’étais pas venu depuis 1996) donc je suis très content de tout cela. Il y a quelques extraits du DVD sur ce disque également. Nous y présentons une version du groupe avec trois guitares. C'est une chose rare car j'ai toujours joué uniquement à deux guitares. L'enregistrement présente donc George Bradfute, Tony Bowles et moi-même aux guitares, Jimmy Lester à la batterie et Tom Comet à la basse.

Francis: Superbe travail de Dixiefrog (comme très souvent) qui présente ce live dans un beau digipack. Ce live possède en plus l’avantage d'être un bien meilleur best of que Scattered, Smothered And Covered car il couvre quasiment toute la carrière de Webb. Le groupe joue bien, le son, sans atteindre des sommets, est très correct. Il y manque un brin de folie communicative, peut être à cause du public sous mixé. Nous y retrouvons également Miss Missy From Ol Hong Kong dont l'intro et quelques passages ne sont pas sans évoquer le Tell Me What's Wrong des Inmates dont Webb nous parlait comme un de ses chansons préférées.


Sur ce, nous prenons congé, merci beaucoup, Monsieur Webb Wilder.

Mise à Jour du 30/11/2009

More Like Me (2009)

Webb Wilder est un des leaders de cette musique que l'on aime (Tiens où est passé Moon Martin ? ) et à ce titre une nouveauté le concernant est toujours attendu avec intérêt. Rappelons que Webb nous a accordé une interview exclusive il y a quelques temps, c'est dire la disponibilité du monsieur. Jusqu'à la parution l'année dernière du live chez Dixiefrog, il faut bien le dire, Webb avait l'air moins inspiré, sorti d'une semi-retraite musicale et donnant un peu l'impression de relever les compteurs lors de ces concerts (J'ai assisté à son concert en 2008 au Plan de Ris-Orangis et ce fut assez mauvais, hélas…..). Avec More Like Me, nous revenons totalement dans l'univers qui nous plaisait tant, un mélange de Rock déjanté et de ballades plus ou moins country. Nous y retrouvons surtout une énergie nouvelle et des interventions multiples et variées sur la quasi-totalité des chansons. La solution de cet état de fait se trouverait-elle dans la disparition de R.S Field de l'écriture et de la production ? Nous pouvons nous poser la question, car il s'agit bien d'une véritable révolution. Détaillons ce que nous offre la galette……
L'album s'ouvre sur Ju Ju Man (Fallin In Love Again) comme si cette déclaration était prémonitoire. En effet on y retrouve tout : Rock And Roll, voix travaillée et guitares entrelacées bref du Wilder…à laquelle suit immédiatement la ballade Too Cool for Love qui vient de suite nous calmer, on n'a plus vingt ans non plus ! Don't Slander Me est un peu plus appuyée et enivrante…tout est dans la suggestion. Retour immédiat ensuite avec la ballade de forte belle facture : She's Not Romantic. Nous voilà à la cinquième chanson et le déluge de guitares superbement travaillées nous entraîne au septième ciel : Honky Tonkin', même la slide ici présente pourrait nous faire penser que Georges Thorogood est venu prêter main forte. Visiblement Webb a décidé l'alternance puisque c'est une chanson mid-tempo qui prend la suite avec brio : Pretty Is As Pretty Does. Il suffit que je dise ça pour qu'une deuxième ballade suive : Sudden Stop et ici encore quelle maîtrise, une chanson remplie d'émotions. Nous repartons dans le rock avec une reprise du fameux She Said Yeah. Reprise parfaitement dans le ton de l'originale mais néanmoins avec la patte de Webb. Retour à la country, façon Wilder, avec Come Around et sa slide à la George Harrison, c'est magnifique. Still Water Runs Deep vient nous réveiller les neurones en posant son rythme lourd et néanmoins posé. More Like Me est une incursion vers le blues, chose assez rare chez Wilder, incursion matinée de country, le tout est en totale osmose, encore une réussite. Le disque se termine avec Changing Colors dernière ballade mid-tempo. Ce disque est donc une réussite totale, peut être parce qu'il est très proche des premiers Wilder qui n'étaient ni cent pour cent Rock And Roll ni cent pour cent mid-tempo. Un bel exercice de mélange musical ou prédomine cette voix bien particulière et ces guitares parfois endiablées parfois tendres. Un bon crû ! Bienvenue à la maison Webb Wilder……


Remerciements: Philippe Langlois, Lucie Lebens (Mise en page et photos concert Le Plan) - Webb Wilder/Francis Lachet 2007
- Interview réalisée le 25/11/207. Traduction et adaptation: Francis Lachet.


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© Francis Lachet