Biographie Voilà bien un groupe dont on parle fort peu en France. Pourtant Omar And The Howlers a tout pour séduire notre appétit. Comment comprendre par exemple le relatif désintérêt du public pour lui alors que, par exemple, à ses débuts Poppa Chubby développait une musique très proche avec, certes une dextérité plus grande, mais ne pouvant justifier la différence de notoriété. Les mystères de la musique... Survolons de haut la biographie d'Omar And The Howlers. De son vrai nom, Kent Dykes, Omar est né en 1950 aux USA, dans le Mississipi à McComb pour être plus précis. Il a commencé à jouer de la guitare vers treize ans et a passé sa jeunesse musicale à jouer avec des musiciens noirs, pratiquant, à la longue, un blues assez primaire. Il est très influencé par ce qu’il entend alors sur la radio et en écoutant les disques de sa maman. En 1976, Omar (qui a acquis ses gallons d'auteur et de compositeur) et son groupe décident de quitter le Mississipi pour le Texas, où la scène Blues-Rock est en train d'exploser. Le groupe gagne alors rapidement ses titres de noblesse et capture l’attention d'un public toujours plus nombreux. Les enregistrement peuvent alors commencer et le groupe grave deux LP pour des labels locaux. Omar And The Howlers est alors composé des fidèles Bruce Jones à la basse et Gene Brandon à la batterie.
Musicalement que pouvons nous dire d'Omar And The Howlers ? Omar écrit et compose des chansons principalement basées sur des riffs de Blues, de Rock ou de Boogie. Certes, cela peut donner une impression de répétition , il n'y a qu’a calculer par exemple le nombre de chansons écrites sur la base du Bo Diddley Beat, mais rendons lui grâce, il le fait très bien. En live, il est parfait et sur disque il a souvent la très bonne idée de faire venir beaucoup d'invités, qui enrichissent de leurs apports des chansons relativement simples. Je terminerais par deux choses, la guitare et la voix. Jouant , le plus souvent, sur la base du Power Trio on pourrait s’attendre à un jeu de guitare exceptionnel, il n'en est rien. Omar est un guitariste, disons modeste si on le compare à ses amis de la scène d'Austin. Vocalement, là nous touchons évidemment le point fort car nous nous trouvons devant un véritable phénomène. Il est possible de détester la voix d'Omar, mais si on l'aime, alors là c'est un plaisir ! Une voix rauque, profonde, torturée, changeante, grave quelque chose comme surnaturelle. La comparaison vocale la plus proche serait de la rapprocher du maître Howlin Wolf. Il est temps de passer à l’étude de la discographie, cela nous permettra d’en savoir encore un petit peu plus. Discographie Préambule : chroniquer la discographie d'Omar And The Howlers n'est pas chose aisée. En effet, le point fort du garçon c'est la scène. Sur disque, Omar reproduit assez souvent, la même recette, la même formation musicale (basse, batterie, guitare, voix) et des constructions de chanson assez proches (riff de Bo Diddley, comme nous l’avons vu). Il faut cependant reconnaître également que tout cela est fait avec un certain talent et que le résultat est, comme nous allons le voir succinctement, souvent assez réussi. Big Leg Beat (1980) Après bien des recherches, j'ai enfin réussi à me procurer la chose à un prix raisonnable. Premier album donc et à l'écoute ce qui choque c'est la platitude de la production et du son. Il n'y a pas de dynamique. Peut être est ce le transfert sur CD qui a été bâclé ? Bref, ce manque de punch et de définition ne met pas du tout les 11 titres en valeur. La musique d'Omar se cherche et cela part un peu dans tous les sens. Sans être mauvais, c'est un peu ennuyeux. Dispensable. * I Told You So (1984) Ce disque commence par Border Girl. Le ton est donné, cela deviendra un classique du groupe. Un peu plus loin, nous trouvons Shake For Me, deuxième classique, puis Magic Man et son Bo's Beat tonitruant, troisième classique. Au final, un bon disque, légèrement inégal, mais rien que pour la présence des trois brûlots ci-dessus évoqués, le disque trouvera une bonne place dans une discothèque Rock And Roll. *** Hard Times In The Land Of Plenty (1987) C’est avec ce disque que Omar va passer à la renommée internationale, bien aidé par CBS (Sony de nos jours). Son tube Hard Times In The Land Of Plenty aurait presque pu figurer sur un disque de Creedence Clearwater Revival. Border Girl, elle aussi deviendra un classique, puis Mississipi Hoodoo Man et Don’t you Rock Me The Wrong Way et pour finir le superbe Lee Anne, blues terrifiant d’efficacité. Ce disque, bien que sans réelle fantaisie extravagante (à l’image d’Omar) et un des maîtres étalons du genre. Indispensable. ***** Wall Of Pride (1988) Chez CBS, quand un disque marche, on enchaîne vite sur un second. Wall Of Pride est donc le petit frère de Hard Times In The Land Of Plenty. La même formule est reprise : basse, batterie, claviers et guitare. Tout au long de ce disque Omar joue de sa voix torturée pour notre grand plaisir. Des classiques verront le jour également avec cette mouture : Rattlesnake Shake ou du très « Creedencien » Dimestore Hoo Doo et encore de Down in The Mississipi (reprise de Jimmy Reed ) Cette même chanson sera d'ailleurs reprise par Dr Feelgood (en se la créditant, procédé un peu curieux) sous le nom de Down By The Jetty Blues. L’ensemble est assez convainquant, bien que trop proche du précédent. ***
Monkey Land (1990) Ce disque est l'un des plus méconnus et cependant, à mon avis, un des meilleurs, un des plus inspiré. L'appui de la deuxième guitare de John Inmon y est pour beaucoup, son jeu rappelant celui de Tony Oliver, notre cher Inmates. Le titre Monkey Land donne le ton d'entrée: du Omar pur jus. On remarquera également la reprise de She's A Woman dans la droite lignée du Meet The Beatles Live de ces mêmes Inmates. Un disque très homogène, très cohérent et de très belle tenue. **** Omar Dykes : Blues Bag (1991) Disque solo ? Peut on appeler ce disque solo puisque les musiciens du groupe sont tous là ? Acoustique aurait été plus approprié. Le grand plus de cet opus, c’est l'omniprésence très audible de la voix (et quelle voix) d'Omar. Difficilement explicable, une voix d'outre tombe que seule, en principe, l'abus d'alcool et de cigarettes pourrait justifier. Bref, tout cela donne naissance à un must dans la discographie.***** Live At Paradiso (1992) Faisons simple, le live c'est l'affaire d'Omar And The Howlers et les Pays Bas un terrain idéal pour un enregistrement en public. Résultat, une petite merveille, sorte de Best Of Live. Bien évidemment Omar ne sera jamais Mozart, mais prenons notre plaisir là où il se trouve et ce disque c'est cent pour cent de plaisir avec notamment un Born On The Bayou suintant de force et d'émotion.***** Courts Of Lulu (1992/Version Europe) Courts Of Lulu est pour moi le meilleur album d'Omar And The Howlers. Ce disque, disponible avec deux pochettes, une jolie pour les américains et une laide pour nous, est très entraînant. Le classique du disque est le Bo’s Beat, Do It For Dady. L'ensemble bénéficie d'arrangements plus soignés et une instrumentation plus riche : clavier, saxophone, choeurs, harmonica, etc. Les Blues et les chansons lentes sont parfaites et remettent en selle avec excellence les « Gros Rocks ». Nous avons là, le petit joyeux d’Omar And The Howlers.***** Omar Dykes : Muddy Springs Road (1994) Deuxième album solo, mais dans les faits comme nous l’avons vu, le véritable premier. Après la tornade Courts of Lulu, voilà un disque bien plus calme. L'ensemble recycle toujours les mêmes riffs mais le traitement est plus léger. A vrai dire, tellement léger que l’on s’ennuie un petit peu. J'aime "Omar la tempête" où "Omar le blues tranquille", mais ce disque est vraiment trop « Middle of The Road » pour mon oreille. ** World Wide Open (1995) Cet enregistrement concrétise la passation de pouvoir entre l'ancienne section rythmique et le nouvelle. Paul Junior hérite de la basse et Steve Kilmer de la batterie. Globalement, la livraison est moins brute, plus apaisée, plus construite. Mais finalement est ce vraiment ce que l’on aime chez Omar and The Howlers ? Nous avons quand même quelques morceaux qui se détache : Une reprise de Hey Joe assez originale, un Higway 49 où les vocaux font merveille. Au final, le disque nous laisse une petite déception. Deux ou trois étoiles, voilà la question, j’en donne trois par sympathie.*** Southern Style (1996) Encore un disque assez méconnu en France. L'équipe du précédent opus est au rendez vous avec en renforts Stephen Bruton à la guitare slide, Nick Conolly à l’orgue et Mark Hallmann aux percussions. L'intérêt, est de voir ou plutôt d'entendre que la formule ayant précédemment échouée dans World Wide Open est ici en pleine réussite. Il n'y a pas de hit, pas de classique qui se dégage, mais une belle fusion autours du Blues Rock Texan. A ce titre, il est parmi mes préférés.***** Swing Land (1998) Changement d'orientation totale. Beaucoup de musiciens répondent à la demande d'Omar, un saxophone, une trompette, un piano, une lap steel, un harmonica, etc. Omar décide donc de s'attaquer à un ensemble de chansons sous l’angle Swing. Curieuse idée sur le papier. La section de cuivres est parfaitement en place, mais on se demande bien quel est l’intérêt de nous faire un disque de BB King ? Cette galette se veut un hommage à la musique Swing et ses dérivés (Blues, Rock, Jazz façon Ray Charles), mais disons le tout net, le résultat est très moyen et ne nous arrache pas de notre torpeur.* Live At The Opera House (2000) Deuxième live pour Omar et retour à la case départ avec l'exhumation de vielles bandes vielles de treize ans lors de la sortie. Bruce Jones et Gene Brandon refont donc leurs apparitions bien involontairement. Enregistré cinq ans avant Live At The Paradisio, on y retrouve cependant un peu de la même ambiance, de la même folie. Le son est correcte et rend bien l'ambiance des débuts du groupe. On écoutera avec plaisir une troisième version de Hard Times In The Land Of Plenty. Disque plaisant, à se procurer juste après les indispensables.*** The Screamin' Cat (2000) Second disque de l’année 2000 pour notre ami Omar. Cela commence plutôt bien avec un chanson très « Creedence » : When Sugar Cane Was King, puis viens la chanson titre de l'album dont le moins que l'on puisse dire c’est qu'elle est à Omar ce que Révolution 9 est au Beatles. Il est dommage que sur l’ensemble des chansons (ou presque) une réverbération et des effets viennent charger la voix presque en permanence. Cependant, la volonté d'Omar de faire du neuf est manifeste et là on peut dire que le résultat est atteint et donne à l’arrivée un disque intéressant. *** Big Delta (2001) Omar nous revient avec une formation complètement renouvelée et bien étoffée. L'exercice est peu commun et osé puisqu’il s'agit en quelque sorte d’un auto hommage. En effet il réenregistre quelques uns de ses succès ou de ses classiques. L'exercice, bien périlleux sur le principe est cependant une belle réussite grâce à une relecture simple mais efficace des titres. Ceux ci sont en effet dotés d'arrangements discrets mais efficaces. Incontestablement une bien belle surprise.**** Boogie Man (2003) Boogie Man, joli titre d’album, belle profession de foi. L'équipe est encore une fois pratiquement complètement changée et change au fil des titres, à noter la présence de Chris Duarte comme invité à la guitare sur quatre titres. Nous avons là une belle livraison de notre camarade Omar, les arrangements sont très soignés ce qui renouvelle complètement la façon de faire passer en force certains titres . Ici, ils passent aussi bien, mais avec une certaine distinction. Aucun titre ne se dégage mais l'ensemble forme un enregistrement qu'il convient de posséder dans sa discothèque. Il s'agit aussi du premier CD chez Ruff Records, puisque que le groupe Omar And The Howlers ne fait désormais plus partie de l'écurie Provogue. *** Bamboozled (2006) Pour quelle raison la maison Ruff Records sort t-elle ce disque ? Troisième live de la carrière d'Omar, cet enregistrement n’apporte strictement rien. Notre homme vient de traverser des moments difficiles dans sa vie personnelle et le moins que l'on puisse dire c'est que le coeur n'y est pas. Le public non plus d'ailleurs qui est fort mal mixé. La guitare d'Omar est parfois à coté (certes notre homme n'est pas un virtuose, mais quand même !), et la voix accuse un fatigue évidente. Seul les titres lents passe à peu près correctement, mais c'est bien peu. Le seul intérêt, c'est son prix de vente modique. Une grosse déception. * Omar Kent Dykes & Jimmie Vaughan (2007) Coup de coeur du site, ce disque est une petite merveille de simplicité et d'efficacité. La superbe voix d' Omar (revenue à son meilleur niveau), l'élégance de la guitare de Jimmie Vaughan avec de temps en temps la fougue de l'harmonica de Kim Wilson font de cet hommage au Blues de Jimmy Reed un ensemble d'une cohérence stupéfiante. A classer dans le haut du panier, peut être même en premier ! ***** Omar-Magic Sam-Nalle (2008) Omar multiplie les expériences, après les Howlers, les disques solos et le disque de l’année dernière avec Jimmie Vaughan , il nous revient avec ce disque, malheureusement passé totalement inaperçu, faute de promotion, probablement. Nos trois compères s’unissent donc pour un exercice assez captivant de blues acoustique. Très orienté Delta, ce disque ravira les amateurs de John Lee Hooker quand il sévissait dans ce genre. Des guitares acoustiques, une contrebasse et des voix burinées par le temps font de cet enregistrement une belle réussite, mais attention, je le répète, réservé aux amateurs de Blues rural. Vous pourriez ne pas y trouver votre compte si vous n’appréciez que l’électricité des Howlers. Ayant toujours eu une fascination pour ce genre de musique, je vous recommande fortement son achat, mais il semble très mal distribué. *** Big Town Playboy (2009) Deux ans après ‘Jimmy Reed Highway’ sort donc ce disque. Même maison disque, même studio, même équipe de production. De là a penser que les deux disques ont étés enregistrés en même temps, il n’y a qu’un pas. De là a penser également qu’on y a mis les titres n’ayant pas trouver place en priorité sur le premier…bref, vous l’aurez compris ce deuxième opus de la saga ne possède pas la force du premier. Nous sommes toujours dans un Blues très rythmé, un Rock relativement soft agrémenté de la guitare du sieur Vaughan et l’harmonica de Kim Wilson, ce qui finalement ne peut pas nous donner un mauvais disque, effet de surprise en moins. ***
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