THE BEACH BOYS

1) La Biographie

2) La Discographie

3) L'album Pet Sound

4) Smile

Préambule : Certains pourraient s’étonner de voir un dossier consacré aux Beach Boys sur un site de pub-rock. Certes, mais il n’en reste pas moins que le groupe était à l’origine intéressé par la thématique Rock And Roll, comme les Beatles, et que l’évolution de leur musique, surtout grâce à Brian Wilson, est tout à fait extraordinaire. Sans Surfin’Usa, il y aurait ‘il eut Smile ? Allez savoir…


1) LA BIOGRAPHIE

Tout commence pendant l’été 1961, dans la banlieue de Los Angeles, les trois frères Wilson (Brian, Dennis et Carl) et leur cousin (Mike Love) forme un groupe d’adolescents qui prendra le nom de Pendletones. La base de leur musique sera bien sur le rock and roll, mais doués d’immenses possibilités vocales, ils vont inclure des harmonies de chant époustouflantes. Le manque d’un deuxième guitariste fera recruter le sieur Alan Jardine, ami de Brian. Le groupe est ainsi au complet :
Brian Wilson : Basse et chant
Carl Wilson : Guitare et chant
Dennis Wilson : Batterie
Mike Love : Chant
Alan Jardine : Guitare et chan
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La légende veut que ce soit Dennis, seul surfeur de la troupe, qui demande à Brian de composer une chanson sur le surf, sport roi en Californie, Brian le fera, ce sera Surfin’, tout simplement.
Ils sont alors repérés par une petite maison de disque et rentrent en studio (voir le disque Lost and Found) Surfin devient vite un tube à Los Angeles et le groupe désormais baptisé Beach boys va connaître une destinée peu commune.

Ils signent rapidement chez Capitol records et décrochent fin 62 un succès aux USA : Surfin’Safari. Les premiers enregistrements se passent sous la direction de Brian, bien sur, mais aussi de son père, tyrannique à outrance qui d’une part finira par se faire « virer » , mais qui laissera des traces psychologiques à vie à son fils aîné. Malgré cela, les tubes s’enchaînent : Surfin USA, Surfer girl, Shut down, Little deuce coupe, Fun fun fun, Sloop john b, I get around, la liste est interminable .Ensuite Brian se lasse d’une part des tournées (il sera remplacé par Bruce Johnston) mais aussi de la musique à base de Rock ‘n Roll , il décide alors de se tourner vers une musique « différente ». Brian est un admirateur des disques produits par Phil Spector et c’est dans ce chemin qu’il veut aller. Son perfectionnisme le fait alors enregistrer les disques des Beach Boys, sans les Beach Boys ! C’est à dire que l’instrumentation est réglée à cent pour cent par Brian et enregistrée sous sa baguette par des musiciens de Studio, bien meilleurs, il faut le dire que le reste du groupe. Nos quatre « oubliés » se concentrerons désormais quasiment uniquement sur les parties vocales et la Brian tape fort, car il écrit des pistes vocales absolument incroyables. Ce travail aboutira à Pets Sounds dont nous parlerons par ailleurs.

Ensuite Brian travaillera pendant plus de six mois à la « fabrication » d’un 45 tours ! Je pense que vous le connaissez tous puisqu’il s’agit de : Good Vibrations. Ce titre est une véritable symphonie, la version 45 tours, déjà longue pour l’époque n’étant qu’un résumé de son travail. J’ai pour ma part une version de 15 minutes complètement ahurissante.
La suite ? Et bien, Paul Mac Cartney écoutera « Pet sounds », le trouvera formidable et décidera de passer les Beatles à la vitesse supérieure, donnant naissance à : Sgt Peppers. Mais Brian, écoutant à son tour le disque des Beatles ne déclarera pas forfait, et décide de rentrer dans une phase d’élaboration de disques pop encore plus sophistiqués que Pet Sounds et Peppers : L’album Smile ! Mais confronté à des problèmes de drogues et psychologiques, Brian n’était jamais satisfait du résultat. Cet album fut « détruit » (selon la légende) par lui-même quelques jours avant le départ des masters pour la fabrication. Heureusement quelques brides par l’intermédiaire de disques « pirate » nous sont parvenus et nous ne pouvons que regretter cette destruction, probablement que Brian aurait réussi son pari, faire mieux que Peppers !!Quelques chansons se retrouvèrent sur l’album suivant : Smiley Smile. Après il se passa, un petit peu la même chose qu ‘avec le double blanc des Beatles, c’est à dire que les autres membres du groupe commencèrent à développer de plus en plus leurs créativités. La qualité générale des albums s’en ressentira quelque peu, remplacer Brian, ce n’est pas quand même pas rien ! A tel point que celui ci se détacha du groupe, englué dans ses problèmes personnel. Ils changèrent de maisons de disques et passèrent chez Warner puis CBS pour en 1985 leur dernier album (Bien que le groupe existe officiellement toujours avec uniquement Mike love et Bruce Johnston).
En 1983 Dennis meurt noyé (largement imbibé d’alcool, hélas) mais le groupe continu et obtient un numéro 1 en 1987 : Kokomo.

En février 1998, c’est au tour de Carl de décéder d’un cancer. Carl possédait une voix d’ange et avait repris avec un certain talent le flambeau de Brian. A partir de là, le groupe va exploser, Brian continu en solo, Mike et Bruce continu sous le nom de The Beach Boys, Mike attaquant Brian pour des problèmes de droits de chansons et Alan crée Beach Boys, Family and Friends, récoltant au passage un procès de Mike, seul possesseur du nom The Beach Boys. Depuis Alan a cessé de se produire sous le nom évoqué ci dessus et à l’ heure ou l’on parle de plus en plus de la sortie de Smile (octobre 2011) , il est également évoqué un nouveau travail en commun de Brian, Mike, Al et Bruce. Affaire à suivre…

Voilà, un portrait bien rapide dressé de ce groupe légendaire, les puristes me pardonneront certaines approximations ou certains raccourcis, mais à moins de faire cinquante pages, il était difficile de faire autrement !

Ps : j’ai passé volontairement l’emprise du soi disant « docteur » Eugène Landy sur Brian Wilson, qui en faisant passer sa thérapie à réussi à devenir co-signataire de certains titres et même producteur de disque solo de Brian, bref un personnage pas très recommandable.

2) LA DISCOGRAPHIE

1961- LOST AND FOUND

1962-SURFIN SAFARI

1963-SURFIN USA

     

1963-SURFER GIRL

1963-LITTLE DEUCE COUPE

1964-SHUT DOWN

     

1964-ALL SUMMER LONG

1964-CHRISTMAS ALBUM

1964-BEACH BOYS CONCERT

     

1965-THE BEACH BOYS TODAY

1965-SUMMER DAYS

1965-BEACH BOYS PARTY

     

1966-PET SOUNDS

1967-SMILEY SMILE

1967-WILD HONEY

     

1968-FRIENDS

1968-STACK O TRAKCS

1969-20/20

     

1970-SUNFLOWER

1971-SURF'S UP

1972-CARL AND THE PASSION-SO TOUGH

1987 - HOLLAND

CONCERT

15 BIG ONES

1976-BEACH BOYS 69

1977-LOVE YOU

1978-M.I.U ALBUM

1979-LIGHT ALBUM

1980-KEEPING THE SUMMER

1985-BEACH BOYS 1985

1992-SUMMER IN PARADISE

2012-THAT'S WHY GOD MADE RADIO

 

     

3) PET SOUNDS (le disque)

 

L’histoire de ce disque commence le jour où Brian Wilson écoute « Rubber soul » des Beatles. Brian : « Quand je l’ai entendue la première fois, j’ai été renversé, je voulais faire un album comme cela !
Je n’ai jamais entendu un album où tout est excellent ! » La première chanson à être travaillé fut Sloop John B et Tony Asher participa beaucoup à l’écriture des paroles du disque. Tous les musiciens furent recrutés par Brian (Que d’excellents musiciens de studio) les quatre autres membres du groupe n’arrivant « que » pour finaliser les voix (et quelles voix !) Brian jouera le rôle de compositeur, producteur, arrangeur et chanteur (Attention , il ne prend pas systématiquement la voix principale). Musicalement, les orchestrations sont extrêmement complexes, du jamais vu dans la musique pop, dans la tradition de la musique classique. Les autres changements par rapport aux disques précédents sont un disque qui sortira à l’époque en monophonie, bien qu ‘enregistré en stéréophonie, et des textes, non plus tournés vers le
« fun », mais vers une véritable psychanalyse d’un jeune homme malheureux qui passe à l’age adulte. L’angoisse, la perte d’innocence et la mélancolie de certaines musiques sont présentes à tout moment. Le résultat sera la naissance d’une œuvre universelle . Et comme on revient toujours au début, quand Paul Mc Cartney pris connaissance de ce disque, il décidera de passer à l’échelon supérieur , ainsi naquit SGT PEPPERS LONELY HEARTS CLUB BAND !!!!!! Saine émulation, sauf pour Brian qui eut beaucoup de mal à s’en remettre (voir l’épisode Smile).

George Martin en 1996 : Si je devais choisir une personne comme un génie vivant de la pop musique, je choisirai Brian Wilson.

Brian Wilson en 1966 : Je ne suis pas un génie, je suis juste un type qui travaille beaucoup.


PS : Si vous pouvez vous procurer le coffret « The Pet Sounds sessions » vous ne le regretterez pas, c’est un investissement, mais non seulement vous aurez l’œuvre dans son intégralité originale, mais vous assisterez à la naissance des morceaux. Je peux vous assurer que l’on ne s’ennuie pas une seconde ! Cerise sur le gâteau, vous aurez la quasi totalité des chansons avec uniquement les voix et là, je vous conseille de prendre un bon whisky avant parce que question profondeur d ‘âme , on est en plein dedans, et c’est beau, mais c’est beau !!! My god !!!

 

4) SMILE

Le premier novembre 2011, Capitol propose,enfin, une version quasi complète et achevée de Smile dans sa version initiale (et donc jamais sorti en officiel) , avec l’accord et l’appui de Brian Wilson. Capitol en profite pour décliner plusieurs versions de coffrets. Pour ma part, je me suis contenté de la version 2 CD. Rappelons que Brian Wilson a déjà mis le pied à l’étrier en sortant en 2004, une version studio de Smile, mais avec les Wondermits et non les Beach Boys. Cette sortie fut un grand succès, nous en reparlerons, un peu, plus tard. Smile est donc enregistré en 1966 dans les studios United Westen Recorders de Los Angeles et tout commence par les prises de Good Vibrations. Huit mois plus tard avec un budget d’environ 50 000 dollars, ce qui est complètement démesuré, Brian effectue le montage final de Smile (la légende prétend qu’il existe des dizaines de versions dites définitives. C’est probablement la vérité, il est extrêmement facile de se procurer certaines versions sur les disques pirates). La sortie de Good Vibrations en 45 tours est un immense succès et Brian annonce que le nouvel album à venir sera travaillé avec la même méthode, ce qui déroute pas mal de gens, surtout chez Capitol. Revenons aux sessions de Good Vibrations, elles sont entrecoupées de travaux sur Wind Chimes , Wonderful, He Gives Speeches et Holidays par exemple, mettant de faite en route le projet Dumb Angel rebaptisé plus tard Smile. Brian utilisera cette phrase qui en dit long sur sa consommation de drogue : Ce sera une symphonie adolescente adressée à Dieu. En octobre arrive Van Dyrke Paks pour concocter des paroles, ces mêmes paroles sont sources de conflits entre Mike Love et Brian Wilson, le premier demandant sans arrêt des explications sur la signification des chansons et trouvant ce style (notamment Surf’s Up) de : Hippie Bullshit. Réunion d’enregistrement dans la foulée avec les Beach Boys pour graver Our Prayer puis les chœurs de Child, Wonderful, Wind Chimes et Child Is The Father Of The Man. En novembre, le travail se poursuit avec Surf’Up et Vegetables. C’est ici ou intervient le fameux épisode de Fire où Brian oblige les musiciens à mettre des casques de pompiers et met le feu à du bois dans un sceau pour être mieux imprégnés de l’esprit du titre, le LSD laissant des traces….A la demande de plus en plus pressente de Capitol et encouragé par les bonnes ventes de Good Vibration, le Staff demande des comptes à Brian pour le nouvel album, il leur soumet donc une liste de titres (provisoire..) qui formera Smile. Capitol mort à l’appât et fait imprimer 400 000 pochettes rajoutant avec prudence : Voir le disque pour l’ordre des pistes. Entre Noël et la nouvelle année, les pistes vocales principales de Wonderful et Wind Chimes sont posées, en faisant les deux véritables premiers titres achevés du disque. Mais l’année 67 va se révéler catastrophique, Brian entend des voix : Je vais te tuer (Issu de ses délires avec Fire, il croit avoir bravé les éléments), les Beach boys se divisent à l’écoute de l’état du disque, en gros on peut dire que Mike Love n’aime pas, que Carl Wilson est emballé et que Dennis essaye de contenter tout le monde. Le clash est consommé entre Mike Love et Van Dyke Parks le 23 janvier 1967 quant Brian propose de travailler sur Surf’s Up, Van Dyke Parks s’en va, laissant seul Brian, ex compagnon de délires….Autre élément, quelques jours plus tard, Brian entend pour la première fois dans sa voiture : Strawberry Fields Forever des Beatles. Bouleversé, il est obligé de s’arrêter. Il est ensuite envahi d’un sentiment d’impuissance et se sent complètement incapable de relever ce défi imaginaire : Faire mieux.
En mars la fin approche, les sessions s’espacent, parfois même sans Brian laissant la place à Carl qui croit toujours dans le projet ( Il travaille notamment sur Vegetables) mais le 18 mai après quelques sessions sur la partie Water de The Elements, Brian renonce officiellement à l’album Smile (La légende prétendra qu’il détruisit l’intégralité des bandes, nous savons aujourd’hui que c’est faux. Capitol se retrouve encore dans une situation difficile, le disque a maintes fois été annoncé, des pochettes imprimées et une pré-promotion commencée. C’est donc vers Carl que la maison de disque se tourne pour terminer le disque. Carl s’y attache mais il se rend vite à l’évidence : Comment terminer sans l’aide de Brian ? Ce dernier refuse catégoriquement de s’impliquer de nouveau dans ce projet, il acceptera tout au plus d’aider les Beach Boys à mettre en ouvre un projet de remplacement qui sera Smiley Smile. De Smile il ne restera que Good Vibrations, Heroes And Vilains et un petit bout de Wind Chimes. Ils tentent de recycler Fire en le baptisant Fall Breack And Back Into Winter. Même traitement pour He Gives Speeches qui devient She’s Goin Bald avec d’autres paroles, puis Wind Chimes est réenregistré de même que Wonderful. Pressés par le temps, Smiley Smile est fatalement un album bâclé des Beach Boys et se traduira par un échec commercial de grande ampleur, même si on peut lui trouver un charme indéniable. Tout cela ne renforce pas l’état mental de Brian qui s’enfonce dans la dépression et les drogues.

Il n’en demeure pas moins que l’œuvre Smile est bien présente désormais au même titre que Pet Sound et les sources sonores nombreuses pour ce faire une idée de la chose. Nous avons donc à notre disposition :
Smiley Smile des Beach Boys (sorti le 09/05/1967)
Smile (Diverses versions pirates notamment Purple Chick et Vigotone)
Brian Wilson Presents Smile (sorti le 24/09/2004)
Smile par les Beach Boys (version 2011 officielle, supervisée par Brian Wilson)

Le disque en un mot, ou presque :

Capitol et Brian Wilson nous offre enfin Smile. Ce disque que l’on a dit effacé, brûlé, détruit est bel et bien là. On pouvait se douter qu’il soit quelque peu enterré puisque que les bootleggers avait, depuis belle lurette, mis sur le marché parallèle tant et tant de versions de Smile. Le palme revenant à Purple Chick dont les efforts pour coller au plus juste avec le meilleur son possible à conduit à rendre disponibles des versions sans arrêt améliorées. Puis vient 2004 et la parution de Smile, réenregistré par Brian Wilson et là, nous prenons une belle claque. Quelle merveille ! Brian et son staff ont reconstitué, rendu facilement et légalement accessible cette œuvre. On croyait donc avoir tout entendu. Force est de constater que le disque Capitol 2011 vient tout balayer. Le son, dont on pouvait craindre une certaine faiblesse est tout à fait correct et l’apport des voix des Beach Boys donne paradoxalement un coup de vieux à la version Brian And Wondermits. Ce n’est pas un disque de 17 chansons qui s’enchaînent, c’est une suite logique de pièces musicales chantées à la manière d’une symphonie ou d’un opéra. Une œuvre à la fois simple et complexe. Incontestablement, Brian a réussi à faire mieux que les Beatles, mais à l’époque, il ne s’en n’ai pas rendu compte. Nous avons donc aujourd’hui la révélation d’un disque supérieur à Sgt Peppers ou Odyssey And Oracles des Zombies. Mais avec ces trois disques (voir 4 avec Pet Sounds), dans lesquels le Rock and Roll est très loin, on peut quand même partir sur une île déserte et faire des maracas avec les noix de cocos.

Francis Lachet Janvier 2012


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